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LA MAIN DANS LE SAC

Violette Leduc.  Editions du Chemin de Fer. (2014)

    Assister à l'éclosion d'un émoi, au trouble qui envahit un être. C'est ni plus ni moins à cela qu'assiste le lecteur de La Main dans le Sac de Violette Leduc paru aux éditions du Chemin de Fer. Véritable acte de censure de l'éditeur Gallimard, le texte ne fut pas publié en 1955 avec le reste de Ravages dont il était partie intégrante. 

 

    Le Chemin de Fer ne propose pas ici une seule version du texte mais trois: une version considérée comme aboutie, une autre que l'auteure avait offerte à son amie Simone de Beauvoir, et une troisième de la collection Jacques Guérin, la plus récente étant la première. Ce choix mettant en lumière le processus d'écriture et d'ajustement d'une langue qui se veut précise et pure.

    En effet, si Violette Leduc considérait cet épisode comme "l'un des trois plus importants de (sa) vie", il n'était pas évident qu'elle puisse en capter avec autant de force la complexité des sentiments qui l'envahirent. Mais, si les textes antérieurs démontrent déjà la grandeur du travail de l'écrivain, sa version finale est un modèle d'épure et de finesse. Ce texte nous fait partager l'intimité du trouble profond de cette adolescente que fût Leduc, et de la violence du paradigme de l'hétérosexualité qui s'exprime contre ce corps et cet esprit d'une liberté absolue et bouleversante.

    La Main dans le Sac est un texte qui ravage par sa beauté et par la représentation d'une conscience qui éclate subitement. Il faut avoir lu ces quelques pages et apprendre de la langue de Violette Leduc, que si le monde est un perpétuel mouvement, les corps et les consciences individuelles en sont les cellules les plus libres et les plus incontrôlables qui soient. 

 

    Enfin, soulignons une fois de plus le remarquable travail d'édition du Chemin de Fer qui continu de nous offrir à chaque parution des livres qui s'expriment autant par leur contenu que par leur contenant. Des illustrations au papier, les ouvrages sont chaque fois de beaux objets qui renferment des trésors qu'il ne faut pas craindre d'admirer. 

 

S.D

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