L'Art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer
Henri Bergson
Glasba
Connaissez-vous Charles Morice ?
De sa plume alerte, Lionel Bourg nous raconte l'autre une nouvelle fois et c'est ici l'occasion d'un rendez-vous manqué entre celui dont il évoque l'existence et la ville qui le vit naître.
Il aurait été tentant de forcer l'histoire à mentir en faisant de Morice le fils de la grande Saint-Etienne industrielle et travailleuse mais Lionel Bourg n'est pas au service de la patrie, il ne fait pas d'enfants dans le dos des hommes qu'il évoque. Au plus grave de ses trahisons, il ajoute une poésie dans l'âme de son sujet, parvenant ainsi à rendre vivant celui qui pourtant ronge les racines de pissenlits depuis longtemps.
Dans un texe fulurant qui file à la vitesse d'un wagonnet dans un puit de mine, l'auteur pratique l'art de l'elipse avec sa perception particulière de l'espace et du temps. Sommes-nous au XIXème siècle pour que la société des arts et des lettres nous paraisse si actuelle ? Saint-Etienne, Paris, le sud de la France, la distance affranchie rend le voisinnage possible.
Et puis, pour rendre compte de l'existence d'un homme, il en faut d'autres et c'est en premier lieu Verlaine qui fait office de révélateur à la gloire de Charles Morice.
Lionel Bourg parvient à peine à cacher l'affection qu'il éprouve pour ces figures d'hommes hors du commun et c'est avec humour et ombrage qu'il esquisse la trajectoire de celui qui, si il aura marqué un peu son temps, n'aura laissé dans la mémoire collective qu'une trace si légère qu'il faut désormais toute la délicatesse de ce texte pour lui redonner vie.
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S.D